13.05.10 16:40 Il y a: 2 yrs

Prendre le pouls du mouvement œcuménique

 

Les délégués à l'œcuménisme des Eglises sont des figures-clé pour faire avancer ce domaine en une période où les ressources s'amenuisent et où la tendance au repli sur soi gagne du terrain.

 

"Je vous considère comme le groupe le plus proche de nous dans notre travail quotidien", a déclaré le pasteur Olav Fykse Tveit, secrétaire général du COE, lors d'un rassemblement de délégués à l'œcuménisme le mardi 4 mai.

 

Lui-même ancien délégué à l'œcuménisme de son Eglise, le pasteur Tveit a mis l'accent sur l'importance cruciale du travail de ces personnes: "Etre au service des Eglises pour répondre à l'appel en faveur de l'unité des chrétiens, créer des possibilités pour les Eglises d'être unies dans la foi, la prière et le service, encourager leur témoignage en faveur de la justice et de la paix - voilà des tâches qui sont assurément énormes, parfois même astreignantes."

 

Environ 55 délégués à l'œcuménisme représentant autant d'Eglises et provenant des quatre coins du monde se sont réunis à l'Institut œcuménique de Bossey, près de Genève, du 4 au 6 mai. Le réseau de délégués à l'œcuménisme des Eglises membres du COE se réunit une fois par an, en alternant rassemblements internationaux et régionaux.

 

Cheminer sur les voies de l'œcuménisme

 

La pasteure Grace Moon, de l'Eglise presbytérienne de Corée, a estimé que cette rencontre avec les autres délégués à l'œcuménisme était "incroyablement utile". Pour sa première réunion du genre, elle a découvert une abondance de points de vue sur de nombreuses questions. "J'ai pu en savoir plus sur les méthodologies œcuméniques portant, par exemple, sur les questions de genre", a-t-elle expliqué.

 

Bien que "la plupart des Coréens ne connaissent pas le mouvement œcuménique ni le COE, ils mettent en pratique les trois aspects de la vision œcuménique du COE - unité, témoignage et service - dans la vie quotidienne de leur Eglise", a souligné la pasteure Moon. L'Eglise presbytérienne de Corée est membre du Conseil national des Eglises de Corée, qui accueillera la Dixième Assemblée du COE à Busan, dans le sud du pays, en 2013.

 

Pour la pasteure Moon, le mouvement œcuménique n'est pas une structure, mais un processus en marche: "Il est lié à la vie des Eglises", a-t-elle affirmé. L'une de ses missions les plus ardues en tant que déléguée à l'œcuménisme de son Eglise, c'est de transmettre aux fidèles et aux instances dirigeantes la vision d'un œcuménisme qui ne soit pas "un programme à réaliser ou des résultats à atteindre, mais l'acceptation de la diversité des traditions chrétiennes." Et d'ajouter: "C'est là la vision la plus précieuse que le COE a à nous offrir."

 

La réunion était également une première pour le métropolite Mor Eustathius Matta Roham, du Patriarcat orthodoxe syrien d'Antioche et de tout l'Orient. Bien qu'il soit, en tant que membre du Comité central du COE, parfaitement au fait des discussions qui ont lieu lors de ces réunions, il a trouvé celle-ci très utile. Il a apprécié en particulier d'être informé sur le Rassemblement œcuménique international sur la paix, qui se tiendra à Kingston, Jamaïque, du 17 au 25 mai 2011. Le Rassemblement sera le point d'orgue de la Décennie "vaincre la violence " (2001-2010) du COE.

 

Les quatre thèmes sur lesquels se penchera le Rassemblement - paix dans la communauté, paix avec la Terre, paix sur le marché et paix entre les peuples - sont particulièrement pertinents dans le contexte moyen-oriental, a affirmé le métropolite Matta Roham. "Par exemple, quand nous parlons de paix dans la communauté, nous parlons de notre prochain, or d'un point de vue chrétien, il s'agit d'un concept qui englobe tous les êtres humains, toutes les communautés, et pas seulement celles qui sont les plus proches de moi ou qui vivent à côté de moi.

 

Le thème de la paix parmi les peuples reflète aussi très concrètement le contexte au Moyen-Orient. "Nous sommes témoins de la guerre entre des pays et d'une course à l'armement nucléaire", a affirmé le métropolite. "Cependant, aucun de nos pays au Moyen-Orient n'a besoin d'armes nucléaires; ce qu'il nous faut, c'est développer des technologies qui soient au service de l'intérêt commun."

 

Pour le pasteur Juan Abelardo Schvindt, de l'Eglise évangélique du Rio de la Plata (Argentine, Uruguay et Paraguay), participer à la réunion des délégués à l'œcuménisme lui a permis de mieux comprendre les efforts réalisés par le COE pour recentrer son travail programmatique et redéfinir ses priorités. "Nous avons appris que le COE cherche à se faire une place dans un monde et un paysage ecclésial qui ont changé", a-t-il indiqué.

 

L'une des principales difficultés auxquelles le pasteur Schvindt est confronté en tant que délégués à l'œcuménisme de son Eglise est la nécessité de "rétablir la confiance" parmi les acteurs œcuméniques, afin d'atteindre des objectifs nouveaux. La vitalité que le mouvement œcuménique a connue dans les années 1970 et 1980 a pâti de la pression exercée par les tendances au repli sur soi dans les Eglises. "L'objectif n'est pas d'effacer les identités propres à chaque Eglise, mais de trouver un espace de convergence où elles pourraient coopérer et exprimer leur unité de façon visible", a-t-il déclaré.

 

Le manque de ressources est également problématique, a constaté la pasteure Gail Allan, de l'Eglise unie du Canada. "Tout le monde se démène pour travailler avec des capacités réduites", a-t-elle expliqué. L'amenuisement des ressources est en partie dû à un conservatisme croissant qui touche la société canadienne et qui a des répercussions non seulement sur le financement des Eglises, mais aussi sur celui des ONG.

 

Ce manque de fonds "pourrait en fait être une chance", a déclaré la pasteure Allan, "car elle nous met au défi de renforcer notre témoignage prophétique commun, qui pourrait en fin de compte s'en trouver consolidé." Cette opinion s'ajoute à d'autres signes d'espoir, comme l'augmentation du nombre de membres du Conseil des Eglises du Canada, et justifie l'optimisme de la pasteure.

 

Au Ghana, le mouvement œcuménique est confronté à un problème de confessionnalisme exacerbé, a affirmé le pasteur Samuel Ayete Nyampong, de l'Eglise presbytérienne du Ghana. "Cette tendance à nous considérer différents les uns des autres nous divise", a souligné le pasteur Ayete. "Nous devons tisser des liens œcuméniques plus solides afin de pouvoir sacrifier nos intérêts personnels et mettre en commun nos ressources et nos idées; nous devons nous voir comme faisant partie d'une seule communauté en Christ."

 

La rencontre avec délégués à l'œcuménisme a permis au pasteur Ayete d'en savoir plus sur les autres Eglises et de connaître les problèmes auxquels elles doivent faire face. "Je peux rentrer chez moi avec des informations dont mon Eglise n'aurait jamais eu vent si je n'étais pas venu ici", a affirmé le pasteur Ayete. "En apprenant que d'autres connaissent des difficultés similaires nous avons le sentiment de nous sentir moins seuls, en Afrique."

 

 

Décennie "vaincre la violence" du COE

 

Rassemblement œcuménique international pour la paix