Une délégation œcuménique en visite de solidarité au Myanmar et auprès de réfugiés
De gauche à droite: la pasteure Rothangliani Chhangte (Eglises baptistes américaines aux Etats-Unis), Pu No Than Kap (Ministre des Affaires chin de la région de Sagaing, Myanmar), l'évêque Isaac Mar Philoxenos (Eglise syrienne mar Thoma de Malabar) et Gloria Kalpona Sarker (Conseil national des Eglises du Bangladesh).
Le Myanmar a reçu du 4 au 9 août 2011 la visite d'une équipe de solidarité œcuménique, effectuée dans le cadre de l’engagement du Conseil œcuménique des Eglises (COE) à accompagner les Eglises dans les situations de conflit. Cette tournée fait suite à la visite de "Lettres vivantes" au Myanmar, intervenue fin 2010.
L'équipe internationale de solidarité œcuménique était constituée de cinq personnes, membres du Comité central du COE, représentants d'Eglises de pays asiatiques voisins et membres du personnel du COE.
Les membres de la délégation œcuménique ont pu avoir un aperçu des réalités sociales et économiques de la population dans les nouvelles conditions politiques du pays.
Avant d'arriver au Myanmar, les membres de la délégation se sont rendus en Thaïlande pour visiter un camp de réfugiés peuplé de centaines de citoyens du Myanmar ayant fui les zones de conflit dans leur pays d'origine. En Thaïlande, ces réfugiés attendent désormais qu'on leur accorde l'asile politique dans d'autres pays.
La pasteure Rothangliani Chhangte, membre du Comité central du COE représentant les Eglises baptistes américaines (ABC) des Etats-Unis, a fait remarquer que la communauté internationale doit davantage prendre conscience des problèmes que connaît le Myanmar, en se soucier notamment du sort des réfugiés cherchant à obtenir l'asile dans des pays tiers.
Solidarité avec les réfugiés
A la dernière réunion du Comité central, la pasteure Chhangte était intervenue sur la nécessité de l'accompagnement œcuménique face au sort des citoyens du Myanmar et à la situation des personnes déplacées, des réfugiés et des travailleurs migrants originaires du Myanmar.
A son retour du Myanmar, elle a déclaré qu'il était "nécessaire de rouvrir le processus d'enregistrement dans les camps de réfugiés en Thaïlande. Il y a plus de 150 000 réfugiés qui vivent dans des camps bondés le long de la frontière entre la Thaïlande et le Myanmar."
La pasteure Chhangte rappelle que, "en 2005, le gouvernement thaïlandais a permis au HCR d'enregistrer les personnes souhaitant être réinstallées dans un pays tiers." Cependant, a-t-elle ajouté, "cette procédure n'a eu lieu qu'une fois et, depuis, le gouvernement thaïlandais rejette toute demande de réouverture de l'enregistrement. Ce sont les Etats-Unis qui ont accueilli la majeure partie des réfugiés, ainsi que quelques pays européens, le Canada et l'Australie."
La pasteure Chhangte coordonne le travail des ABC pour l'intégration aux Etats-Unis des immigrants originaires du Myanmar. Elle indique que "les Eglises baptises américaines comptent actuellement plus d'une centaine de paroisses à travers les Etats-Unis ayant accueilli de nombreux migrants originaires du Myanmar. Plus de 80 000 réfugiés du Myanmar ont émigré aux Etats-Unis depuis 2006."
Selon Semegnish Asfaw, qui coordonne les visites de Lettres vivantes au COE, "les membres de l'équipe de solidarité ont remarqué que les jeunes et les femmes n'espèrent pas grand chose de leur avenir, au vu de la situation actuelle dans le pays, bien qu'il y ait eu un changement politique récemment. Après les longues années de conflits et d'impasse politique dans le pays, beaucoup de jeunes voient leur avenir plutôt sombre."
La délégation a pu entendre des histoires de trafic d'êtres humains, surtout de femmes et de jeunes filles. Des centaines de femmes ont été l'objet de trafics vers des pays voisins ces dernières années, contraintes au mariage ou au travail forcés.
Lors d'une rencontre avec des responsables d'Eglise du Myanmar, la délégation a appris que, depuis la dernière élection générale de novembre 2010, "le Myanmar évolue lentement vers un Etat plus démocratique. Cependant, la nouvelle tendance politique consiste à introduire les changements de façon plutôt lente, ce qui risque de ne pas être apprécié par la population, qui a déjà trop longtemps souffert."
Les Eglises – artisans de la paix
Mathews George Chunakara, directeur de la Commission des Eglises pour les affaires internationales du COE, a déclaré que "les responsables d'Eglise du Myanmar sont préoccupés par la recrudescence des conflits dans plusieurs Etats où les chrétiens constituent une part importante de la population."
Selon Mathews George, "au fil des ans, les Eglises du Myanmar ont joué un rôle dans la paix et la réconciliation, et l'efficacité de ce témoignage se reflète dans des accords de cessez-le-feu, comme dans l'Etat de Kachin, où les tribus kachin, représentées par l'Armée indépendante de Kachin et des organisations indépendantistes de Kachin, ont été pendant des années en conflit avec l'armée du Myanmar. Cependant, les pourparlers de cessez-le-feu sont au point mort depuis la fin du mois de juin, mettant sérieusement en péril tout changement politique raisonnable dans le pays."
Les responsables d'Eglise ont indiqué que, dans l'Etat de Kachin, plusieurs milliers de personnes ont été déplacées suite au conflit qui s'est déclaré ces dernières semaines. La population doit faire face à de graves pénuries alimentaires ainsi qu'à la propagation des maladies, notamment le paludisme.
Un rapport complet sur la visite de la délégation sera disponible prochainement.
A lire également: Prier pour le changement au Myanmar (COE Reportage, 1er décembre 2010)
Eglises membres du COE au Myanmar
