08.10.09 12:13 Il y a: 2 yrs

Les chrétiens commencent à reconstruire leur vie dans l'Orissa

 

India

Rama Hansraj (devant, avec lunettes), de l'organisation Catholic Relief Services, avec des villageois qui ont dû quitter leurs foyers à cause des violences.

Dans l'Etat de l'Orissa, dans l'Est de l'Inde, les villageois chrétiens reconstruisent leur vie et leurs relations, plus d'un an après avoir été la cible d'attaques d'un groupe d'extrémistes hindous.

 

Une équipe de "Lettres vivantes" du Conseil oecuménique des Eglises (COE) s'est récemment rendue à Kandhamal, dans l'Orissa, pour montrer sa solidarité avec les victimes des violences qui ont éclaté après le meurtre d'un leader extrémiste hindou, Swami Laxmanananda Saraswati, le 23 août 2008.

 

La délégation de huit représentants d'Eglises du monde entier s'est rendue dans l'un des derniers camps de secours mis en place par les chrétiens dans la région de Kandhamal. Elle a également été accueillie par des dalits chrétiens et des représentants de la tribu Kandho sur les terres récemment délimitées comme étant le site d'un nouveau village.

 

Les "Lettres vivantes" sont de petites équipes oecuméniques se rendant dans un pays pour écouter, apprendre, faire part de différentes approches et de difficultés dans la lutte contre la violence et l'édification de la paix, et pour prier ensemble en faveur de la paix dans la communauté et dans le monde.

 

Les chrétiens dalits et tribaux ont raconté à la délégation que leurs foyers ont été réduits en cendres et que leurs proches ont été tués par une bande organisée semant la terreur dans la région dans les jours qui ont suivi l'assassinat du leader radical hindou par des maoïstes. Des milliers de personnes ont été contraintes de fuir dans la forêt avant de trouver refuge dans des camps de secours mis en place par le gouvernement, qui sont rapidement devenus sordides.

 

"J'ai perdu mon mari dans l'attaque", a déclaré Lurdu Mary, 50 ans, de Raikia, à Kandhamal. "Mes fils sont vivants, mais ils ne sont pas avec moi parce qu'ils ont dû fuir. La foule est venue et a détruit et pillé notre maison."

 

Les extrémistes hindous ont détruit 500 églises, 126 commerces chrétiens et 5000 maisons, mettant à la rue près de 50 000 personnes. Des écoles et des auberges chrétiennes ont également été prises pour cibles. Les réfugiés ont fui dans les villes voisines de Cuttack, Bhubaneswar, Berhampur et Jharsuguda, ainsi que plus au sud, vers les Etats de l'Andhra Pradesh, du Kerala et du Tamil Nadu.

 

"Nous avons distribué des couvertures, des saris et des moustiquaires dans les camps de secours des alentours", a déclaré Sam Naik, directeur du foyer pour enfants Happy Valley, dans le district de Kandhamal. "Nous avions aussi deux camps médicaux. Les gens qui se trouvent dans les camps espèrent qu'une fois que le gouvernement leur aura versé des dédommagements, ils reconstruiront leurs maisons et pourront s'installer dans leurs villages. Leur foi est très forte et ils ont continué à célébrer les cultes."

 

Certains sans-abri ont affirmé à l'équipe de "Lettres vivantes" qu'ils ont commencé à reconstruire leurs maisons, mais ils ont ajouté qu'ils hésitaient à retourner s'installer dans leurs villages de façon permanente, de peur de nouvelles attaques.

 

Les Eglises contribuent aux efforts de reconstruction

 

"Les réactions à la situation de crise sont venues de toutes parts, y compris du gouvernement, mais je pense que les Eglises ont beaucoup fait", a déclaré Rama Hansraj, de l'organisation de secours Catholic Relief Services. "Beaucoup de travail a été fait dans le district pour aider les victimes à rentrer chez elles."

 

L'équipe de "Lettres vivantes" a par ailleurs rencontré les représentants du Forum chrétien uni de l'Orissa à l'école Stewart, à Bhubaneswar, et ceux du Conseil chrétien Utkal, à Berhampur.

 

"Par la grâce de Dieu, la situation se calme à Kandhamal et le travail se poursuit", a déclaré l'évêque Samson Das, du diocèse de Cuttack. Les autorités reprennent le contrôle, mais il reste encore des villages où il faut travailler à la paix et l'harmonie."

 

Le coût de la reconstruction d'une maison détruite est estimé à 82 000 roupies (environ 1200 euros). Bien que le gouvernement se soit engagé à verser 50 000 roupies par maison détruite et 20 000 roupies par maison partiellement détruite, le Forum chrétien uni indique que toutes les victimes n'ont pas reçu l'argent auquel elles ont droit au regard de la loi.

 

Le Forum chrétien uni de l'Orissa s'est engagé à verser 30 000 roupies supplémentaires par maison détruite. Les membres du Forum ont fait savoir que 300 maisons avaient déjà été reconstruites avec l'aide des Eglises.

 

Le père Manoj Kumar Nayak, de l'archidiocèse de Bhubaneswar, a expliqué qu'un comité avait été mis en place dans chaque village pour veiller à ce que les travaux de reconstruction soient menés à bien. Le père Ajaya Kumar Singh, du Programme de réaction de Kandhamal, a déclaré que le travail juridique se poursuivait afin de veiller à ce que justice soit faite dans les tribunaux et que les témoins soient protégés.

 

L'évêque Das a ajouté: "Jusqu'à présent, nous nous sommes engagés à verser 30 000 roupies pour 3000 maisons. Nous pourrons nous engager pour les 2000 maisons restantes dans les jours à venir. L'aspect juridique représente une difficulté considérable pour nous."

 

Les organisations oecuméniques et les ONG ont également mis en place des projets communautaires destinés à favoriser des relations amicales entre hindous et chrétiens à Kandhamal. Dans certains villages, les enfants chrétiens et hindous ont recommencé à jouer ensemble.

 

Membres de la délégation de "Lettres vivantes"

  • Mme Karen Burke, responsable médias, Eglise méthodiste de Grande-Bretagne

  • Evêque G. Dyvasirvadam, Eglise de l'Inde du Sud

  • Mme Diana Fernandes dos Santos, Eglise méthodiste du Brésil, présidente d'Echos - Commission des jeunes dans le mouvement oecuménique

  • Pasteur Edwin Makue, secrétaire général, Conseil des Eglises d'Afrique du Sud

  • Pasteur Gerard Willemsen, directeur régional pour l'Asie, Eglise de la convention missionnaire de Suède

    Personnel du COE et du NCC:

    • Pasteur Rajbharat Patta, Conseil national des Eglises de l'Inde

    • Pasteur Deenabandhu Manchala, responsable du projet du COE pour des communautés justes et sans exclusive

    • M. Mark Taylor, stagiaire, Programme du COE pour le mouvement oecuménique au 21e siècle

       

      Visite des "Lettres vivantes" en Inde

       

      Galerie de photos

       

      Eglises membres du COE en Inde