07.08.08 11:47 Il y a: 4 yrs

Malgré la pauvreté, les graines de l'espoir poussent en Indonésie

 

Monika Lude (à droite) estime avoir de bonnes raisons d'espérer une situation meilleure en Indonésie grâce aux initiatives de paix de chrétiens et de musulmans. Photo: Peter Williams/COE
Haute résolution

Par Maurice Malanes (*)

 

Lors d'un récent déplacement en Indonésie, une équipe de "Lettres vivantes" représentant les Eglises membres du Conseil oecuménique des Eglises (COE) a découvert des graines d'espoir d'un monde sans violence. A Sulawesi, dans les Moluques, au Timor occidental et dans d'autres îles, l'équipe a pu constater que les Eglises travaillent main dans la main avec les communautés et les membres d'autres religions pour apporter la paix et améliorer la condition de tous les habitants.

 

Contrairement à d'autres régions visitées par l'équipe de Lettres vivantes, le Timor occidental n'a pas connu de fusillades ces dernières années. Cependant, cette région manque de nourriture, d'eau potable et de systèmes d'irrigation pour les cultures. Les précipitations sont insuffisantes et de nombreuses personnes doivent chaque année se préparer à affronter ce qu'ils appellent "les mois de faim", d'octobre à décembre, lorsqu'il n'y a rien à récolter.

 

Cette pauvreté peut également être à la source de situations potentiellement conflictuelles, comme lorsque des réfugiés sont arrivés en quantités importantes du Timor oriental en raison des violences qui ont eu lieu pendant le référendum sur l'indépendance de 1999. Les réfugiés devaient être accueillis convenablement tout en s'assurant que l'impact sur les habitants déjà pauvres du Timor occidental soit minime.

 

L'Eglise protestante évangélique du Timor (GMIT) participe à la lutte contre les causes potentielles de conflits pour les réfugiés et les habitants.

 

"Entre autres objectifs, notre programme vise à empêcher les conflits", a expliqué à la délégation de Lettres vivantes Sofia Malelak-de Haan, directrice de la Fondation Alpha Omega, soutenue par la GMIT.

Lorsque la délégation se trouvait dans la ville de Kupang, Sofia Malelak-de Haan et son équipe lui a fait visiter les quatre hectares du centre de formation de sa Fondation, qui sert également de zone de démonstration pour la pisciculture à petite échelle et l'agriculture intégrée.

 

La Fondation entreprend des programmes d'éducation pour les réfugiés et la communauté, a indiqué la directrice. Les formations enseignent à résoudre les conflits et à élaborer des moyens de gagner sa vie, notamment au moyen de fermes piscicoles à petite échelle ou de cultures intégrant l'élevage de volailles, de porcs et de bovins.

 

"Nous devons vraiment contribuer à traiter le problème des réfugiés, car certains d'entre eux sont devenus tellement dépendants des aides qu'ils ne veulent plus s'installer ailleurs ni gagner leur vie", a affirmé Sofia Malelak-de Haan. "Certains profitent même des terres des habitants, ce qui cause des tensions."

 

Rien qu'à Kupang, on compte encore 4'000 réfugiés. Au départ, il y avait au Timor occidental 29'000 réfugiés. Certains sont retournés au Timor oriental et d'autres se sont installés au Timor occidental. Il reste environ 10'000 réfugiés au Timor occidental qui doivent encore s'établir.

Des lettres d'amour au nom du Christ

 

Les "Lettres vivantes" sont de petites équipes oecuméniques voyageant dans différentes régions du monde où les chrétiens s'efforcent de vaincre la violence. Les membres des équipes, qui eux-mêmes participent à des activités oecuméniques et à l'édification de la paix dans leur propre pays, expriment la solidarité de la communauté du Conseil oecuménique des Eglises (COE), qui est constitué de 349 Eglises du monde entier.

 

Jusqu'en 2010, plusieurs visites de Lettres vivantes auront lieu chaque année aux quatre coins de la planète, dans le cadre de la Décennie "vaincre la violence" du COE, afin de préparer le Rassemblement oecuménique international pour la paix, en 2011.

 

Les membres de l'équipe qui s'est rendue en Indonésie du 17 au 24 juillet sont:

 

· Pasteur James Haire, Eglise unie d'Australie

· Mme Monika Lude, Association des Eglises et missions du sud-ouest de l'Allemagne (EMS)

· Mme Beatrice Mukhtar-Mamuzi, Eglise épiscopale du Soudan

· Pasteure Vanessa D. Sharp, Eglise presbytérienne (Etats-Unis)

· M. Yoonsuk Sol, Eglise presbytérienne de Corée, Corée du Sud

 La Fondation a également mis en place des programmes relatifs aux soins de santé et à la nutrition, au VIH et au SIDA, aux rapports hommes-femmes et aux problèmes environnementaux.

 

La pasteure Ina Ngefar-Bara Pa, de la paroisse Koinonia de la GMIT, a expliqué à l'équipe oecuménique son travail sur la violence domestique, les grossesses adolescentes, les questions de santé génésique et le VIH et le SIDA.

 

Lors d'une réunion avec le conseil exécutif de la GMIT, la délégation a pu en savoir plus sur ce que faisait l'Eglise pour répondre aux besoins en alphabétisation des jeunes dans la province, et sur son programme de microfinance pour les paysans et les pêcheurs.

 

Guérison et espérance

 

Malgré les histoires de conflits, de violence et de pauvreté qu'ils ont entendues durant leur séjour en Indonésie du 17 au 24 juillet - lors duquel ils se sont également rendus à Sulawesi-Centre, dans les Moluques et en Papouasie occidentale - les membres de l'équipe de Lettres vivantes ont de bonnes raisons d'être optimistes.

 

Monika Lude, de l'Association des Eglises et missions du sud-ouest de l'Allemagne, qui a vécu en Indonésie pendant quatre ans, déplore le fait que d'anciens ministres du régime autoritaire de Suharto fassent encore partie des multimillionnaires de ce pays. Elle critique également le fait que leurs entreprises ont parfois entraîné le déplacement de personnes et la destruction d'écosystèmes.

 

Cependant, Monika Lude estime avoir de bonnes raisons d'espérer une situation meilleure et la paix en Indonésie grâce aux initiatives de paix de chrétiens et de musulmans menées sur le terrain.

 

Etant au courant des histoires de pasteurs assassinés et de violence à Sulawesi-Centre, la pasteure Vanessa Sharp, de l'Eglise presbytérienne de McDonough, aux Etats-Unis, a réconforté ses paroissiens de l'Eglise chrétienne de Sulawesi-Centre à Palu et leur a dit de ne pas désespérer.

 

"C'est dans nos tragédies que nous trouvons notre force en Jésus Christ", a-t-elle déclaré lors de sa prédication pour un service commémoratif organisé à Palu à la mémoire de la pasteure Susianti Tinulele, assassinée le 18 juillet 2004.

 

Lors d'un culte marquant la fin de sa tournée en Indonésie, l'équipe des Lettres vivantes et les responsables de la Communion d'Eglises d'Indonésie (PGI) se sont engagés à poursuivre leur collaboration "non seulement pour proclamer l'Evangile, mais aussi pour continuer à apporter la guérison et l'espoir" en Indonésie.

 

(*) Maurice Malanes, des Philippines, est journaliste indépendant. Actuellement correspondant d'ENI(Ecumenical News International), il écrit aussi dans le Philippine Daily Inquirer, de Manille, et pour l'Union of Catholic Asian News (UCAN) de Bangkok.

  

Informations complémentaires sur la visite des Lettres vivantes en Indonésie

 

Galerie de photos

 

Eglises membres du COE en Indonésie (en anglais)