04.11.10 11:03 Il y a: 1 yrs

Chrétiens et musulmans demandent un engagement mutuel en faveur de la justice

 

Aref Ali Nayed et Bernice Powell Jackson lors de la séance qui s'est penchée sur le cheminement "du conflit à la justice compatissante".

Deux tables rondes organisées à Genève, Suisse, ont marqué la seconde matinée du colloque international "Transformer les communautés", portant sur les relations islamo-chrétiennes. Les débats, suivis par environ 60 délégués, ont abordé les thèmes suivants: "Au-delà de la minorité et de la majorité" et "Du conflit à la justice compatissante".

 

Le premier discours de la journée a été prononcé par le ministre libanais de l'Information, Tarek Mitri. Celui-ci a exprimé l'opinion selon laquelle les discussions sur les "minorités et majorités" religieuses ont, dans le discours politique, pris l'aspect d'une "dualité stérile".

 

Selon Tarek Mitri, il est plus important de reconnaître que toutes ces personnes sont des citoyens partageant la responsabilité de la vie de la nation et une obligation mutuelle d'assurer la justice pour tous. Ces propos font écho à l'appel en faveur d'une utilisation adéquate du mot "nous" dans nos sociétés, lancé par le secrétaire général du COE lors de la séance d'ouverture du colloque.

 

Le professeur Mahmoud Ayoub, de la Hartford Seminary Foundation, aux Etats-Unis, membre du Conseil mondial de l'Association mondiale de l'appel islamique, a appelé les fidèles des différentes religions à "aborder nos conflits au moyen d'une justice compatissante." Dans le cas des communautés musulmanes vivant en Occident, il a évoqué le "dilemme" qui survient quand on veut élever des enfants de telle manière qu'on maintienne leur identité religieuse et culturelle traditionnelle, tout en les encourageant à "s'épanouir" dans leur pays d'accueil.

 

Lors de la séance qui s'est penchée sur le cheminement "du conflit à la justice compatissante" figuraient trois intervenants: Aref Ali Nayed, directeur du Centre de recherche et médiatique Kalam, à Dubaï, le pasteur Kjell Magne Bondevik, ancien Premier ministre de Norvège, président du Centre d'Oslo pour la paix et les droits de la personne et président de la Commission du COE pour les affaires internationales, et Farid Esack, professeur d'études islamiques à l'Université de Johannesbourg, en Afrique du Sud.

 

Aref Ali Nayed a recommandé l'usage du dialogue pour aider "à maintenir l'honnêteté de son interlocuteur" dans la quête de la justice et de la paix. Grâce au dialogue, a-t-il ajouté, il est possible de "cultiver des écologies de paix et de pardon." Kjell Bondevik est allé en ce sens: "Je dirais que le dialogue n'est pas seulement un outil utile; c'est peut-être le seul outil permettant d'édifier de meilleures relations. C'est un outil permettant d'édifier des sociétés partagées."

 

Reconnaissant que "les réponses ne sont en fin de compte pas du ressort de l'humanité", Farid Esack a quant à lui suggéré qu'on va dans la bonne direction dès lors qu'on admet sa propre culpabilité dans les systèmes d'injustice et qu'on se reconnaît dans celles et ceux qui souffrent de cette injustice: "L'idée de justice sans compassion est d'une certaine manière une sorte de trahison de la justice."

 

Les tables-rondes organisées mardi matin étaient présidées par Mohammed al-Sammak, secrétaire général du Comité national pour le dialogue, au Liban, et du Sommet islamique, ainsi que par Bernice Powell Jackson, présidente du COE pour l'Amérique du Nord et pasteure de l'Eglise unie du Christ aux Etats-Unis.

 

Le métropolite Emmanuel de France, président de la Conférence des Eglises européennes (KEK), a salué les participants au nom de la KEK et du Patriarcat œcuménique de Constantinople. Il a déclaré que la conférence contribue à la constitution d'un ensemble de valeurs pouvant renforcer l'exercice de la liberté religieuse et des droits de la personne.

 

Des discours et des photos sont disponibles sur le site web de la conférence: http://muslimsandchristians.net