04.05.10 11:36 Il y a: 2 yrs

Au sommet nucléaire à New York, les Eglises entrevoient des signes positifs

 

La tête d'une statue de Marie, la mère de Jésus - retrouvée dans les décombres de la cathédrale catholique romaine de Nagasaki après le largage de la bombe. Photo: Josh Berglund

Le président iranien et la secrétaire d'Etat des Etats-Unis ont fait les premiers gros titres sur la Conférence d'examen du Traité sur la non-prolifération des armes nucléaires (TNP), en se lançant des accusations sur leurs programmes nucléaires respectifs.

 

Cependant, les membres d'une délégation du Conseil œcuménique des Eglises (COE) sur place pour défendre les objectifs de paix et de sécurité humaine estiment que la Conférence, qui a débuté lundi à New York, s'est ouverte dans un esprit plus constructif.

 

La secrétaire d'Etat des Etats-Unis Hillary Clinton, par exemple, a promis que les Etats-Unis révèleraient la quantité d'ogives nucléaires dont ils disposent. Cette information répondrait enfin aux demandes formulées depuis l'époque de la guerre froide dans de nombreux milieux, y compris au COE.

 

Hillary Clinton a par ailleurs affirmé que les Etats-Unis offriraient des garanties juridiques contre toute attaque nucléaire menée contre les parties au traité instaurant la Zone exempte d'armes nucléaires en Afrique, qui a été mis en place avec l'aide d'Eglises membres du COE. Les Etats-Unis ont fait la même promesse aux pays du Pacifique sud.

 

Les Eglises ont également contribué à la mise en place de la Zone exempte d'armes nucléaires du Pacifique sud. Avec l'Afrique, depuis 2009, ces zones couvrent aujourd'hui l'ensemble de l'hémisphère sud et quasiment tous les pays du Sud.

 

Les membres de la délégation du COE son le pasteur Michael Kinnamon, secrétaire général du Conseil national des Eglises du Christ aux Etats-Unis, le pasteur Gunnar Stalsett, modérateur du Conseil européen de Responsables Religieux et ancien évêque d'Oslo, et Ninan Koshy, commentateur de l'actualité et analyste des affaires internationales.

 

Parmi les autres signes positifs figure le fait qu'après des années de travail - essentiellement de la part de la société civile et notamment des Eglises - une majorité des Etats représentés à New York sont désormais prêts à jeter les bases d'une convention relative aux armes nucléaires.

 

Si le TNP a été élaboré pour porter un coup d'arrêt à la prolifération des armes nucléaires et un jour inverser la tendance, la convention proposée prohiberait quant à elle totalement l'arme nucléaire. L'Indonésie, premier pays à prendre la parole lors de la Conférence d'examen, a accepté l'appel, au nom du mouvement des non-alignés. Des Eglises des cinq continents se sont jointes au COE et aux efforts de la société civile afin de promouvoir une convention relative aux armes nucléaires lors de la Conférence d'examen sur le TNP.

 

Des centaines de survivants des bombardements atomiques de Hiroshima et Nagasaki se trouvent également à New York. Ils font partie des 2000 japonais - bouddhistes et chrétiens - qui ont fait le déplacement, déterminés à recadrer la menace nucléaire autour de l'être humain au moyen de manifestations et d'ateliers.

 

Une relique atomique a fait le voyage avec eux - la tête d'une statue de Marie, la mère de Jésus - retrouvée dans les décombres de la cathédrale catholique romaine de Nagasaki après le largage de la bombe. De ses yeux vides, elle a contemplé une foule nombreuse venue se presser à la cathédrale Saint-Patrick de New York lors de la messe du dimanche 2 avril, puis lors d'un service interreligieux qui s'est tenu au Church Center, où se trouve la représentation du COE auprès de l'ONU.

 

C'est l'archevêque de Nagasaki qui a apporté la relique à la Conférence d'examen du TNP. Celle-ci quitte rarement le Japon. "Aux côtés des survivants aujourd'hui âgés de la bombe atomique, cette Marie permet d'apporter la souffrance du peuple japonais aux gouvernements et aux gens présents ici", a déclaré un représentant du COE à la radiotélévision publique japonaise NHK.

 

Presque chaque Etat représenté à la Conférence d'examen et aux deux jours de réunions préparatoires sur les Zones exemptes d'armes nucléaires a mis l'accent sur l'urgente nécessité d'une telle zone au Moyen-Orient. De nombreux participants estiment que, si elle n'est pas prise en main, la frustration face au manque d'avancées concernant la zone protégée au Moyen-Orient peut suffire à faire échouer cette Conférence d'examen.

 

Le secrétaire général des Nations Unies Ban Ki-moon s'était rendu le 1er avril dans l'église historique Riverside de New York à l'occasion d'une grande conférence de la société civile en préparation de la Conférence d'examen sur le TNP. "Vous qui avez promis de maintenir votre territoire exempt d'armes nucléaires", a-t-il déclaré, "vous êtes un exemple. Notre objectif, mon objectif, c'est de faire de la terre entière une zone exempte d'armes nucléaires."

 

Près de 200 gouvernements, 121 ONG et des milliers de manifestants sont présents à New York pour la Conférence, qui se tient du 3 au 28 mai.

 

Projet du COE: Les Eglises et la limitation des armes nucléaires

 

Comité central du COE, septembre 2009: Déclaration d'espoir dans une année de possibilités: pour un monde exempt d'armes nucléaires

 

Communiqué du NCCUSA, 2 mai 2010 (en anglais): Les armes nucléaires doivent être éradiquées de la surface de la terre