22.05.11 10:00 Il y a: 288 days

Le Rassemblement pour la paix traite des menaces qui pèsent sur la création

 

Tafue M. Lusama

Tuvalu, pays insulaire de Polynésie situé, dans l’océan Pacifique, entre Hawaï et l’Australie, abrite plus de 11 000 personnes dont l’existence, naguère liée à l’océan et à ses richesses, est maintenant menacée par l’élévation du niveau des océans.

 

Par sa taille, ce pays est le quatrième plus petit au monde : 26 km² ; mais sa superficie diminue et l’avenir de la population de Tuvalu semble être celui de réfugiés écologiques. Le caractère injuste de son cas – et de celui d’autres populations du monde se trouvant dans la même situation – a été, ce vendredi, au cœur des discussions du Rassemblement œcuménique international pour la Paix (ROIP), le thème du jour étant : La paix avec la terre.

 

Le pasteur Tafue M. Lusama, Secrétaire général de l’Église chrétienne congrégationaliste de Tuvalu, a déclaré que son pays était désormais confronté à des sécheresses plus longues et que l’eau salée avait commencé à pénétrer dans la nappe phréatique. « Maintenant, nous dépendons totalement de l’eau de pluie, et les conditions météorologiques sont imprévisibles. »

 

Alors qu’elle était autrefois durable, l’existence à Tuvalu est maintenant menacée par des forces sur lesquelles ce pays n’a aucun contrôle. « Pour survivre, les gens ne peuvent plus employer leurs compétences traditionnelles. »

 

La raison pour laquelle le niveau des eaux monte autour de Tuvalu est bien éloignée de ce paradis du Pacifique Sud ; elle a ses racines dans les centres industriels de l’hémisphère Nord. C’est de là que provient la plus forte contribution au changement climatique, et c’est de là que doit venir la volonté d’en inverser les conséquences néfastes.

 

Adrian Shaw, responsable de projet au Département « Église et société » de l’Église d’Écosse, a déclaré que, dans le monde entier, les Églises devaient s’engager en tête de la bataille contre le changement climatique.

 

« Le changement climatique constitue une menace grave et immédiate, a-t-il dit. Notre violence contre la terre est aussi violence contre les gens. »

 

Pour le pasteur Lusama, l’élévation du niveau de la mer qui menace Tuvalu signifie que ses habitants vont perdre leur foyer, leur culture, leur mode de vie et leur dignité. Pour provoquer de la violence à un tel degré, il n’est plus besoin de guerre.

 

Adrian Shaw a présenté un mouvement d’« éco-paroisses » né en Écosse et qui commence à se propager dans le monde entier. Ces paroisses s’engagent à s’informer sur leur empreinte carbone et prennent des mesures pour la réduire.

 

Selon Shaw, il existe plus de 270 éco-paroisses en Écosse.

Pas seulement des problèmes humains


Le Pr Kondothra M. George a lui aussi parlé des relations entre la justice pour l’humanité et la justice pour la terre. « La paix et la justice, a-t-il déclaré, ne sont pas seulement des problèmes humains dont il faudrait traiter et qu’il faudrait régler indépendamment du reste. » Ces problèmes, il faudrait en discuter en gardant à l’esprit que, en plus des êtres humains, la terre abrite des millions de formes de vie créée.

 

« Il nous faut changer notre actuel paradigme de progrès et de développement, a-t-il ajouté. Est-ce là ce que les êtres humains ont pu faire de mieux ? »

 

Cette idée de succès des entreprises humaines est étroitement liée à la maladie de la cupidité humaine, ainsi que l’a fait remarquer Elias Crisostomo Abramides, laïc orthodoxe grec (Patriarcat œcuménique) d’Argentine, et aussi l’un des représentants du COE au Secrétariat de la Convention-Cadre des Nations Unies sur les Changements climatiques.

 

« Un autre monde est possible, a-t-il affirmé. Ce monde d’orgueil et de cupidité n’est pas un monde de l’avenir. Il nous faut un changement de paradigme qui apportera paix, dignité et amour dans la vie de tous les êtres humains. Pour être en paix avec la terre, il faut qu’il y ait la paix sur la terre. »

 

D’autre intervenants ont présenté de façon plus lyrique leur vision de la paix avec la terre. Sœur Ernestina López Bac, théologienne autochtone kaqchiquel du Guatemala, a parlé d’une théologie des liens ancestraux.

 

« Fondamentalement, parler de la vision cosmique et de la sagesse de la population autochtone, cela signifie parler de valeurs, a-t-elle expliqué. Pour nous, la valeur est le cœur et l’énergie de la pensée et de la sagesse. »

 

À mesure qu’une partie toujours plus importante de l’écosystème entourant Tuvalu est victime d’un réchauffement des eaux et d’une élévation du niveau de la mer, la réalité demeure brutale pour les gens qui vivent dans le Nord. Réduire et renouveler la création de Dieu, ce n’est plus un luxe mais un impératif urgent si nous voulons que survivent des lieux tels que Tuvalu.

 

Au cours de ces prochains jours, le ROIP va aussi discuter de la paix sur le marché et de la paix entre les peuples. Au second jour de ce Rassemblement, les participants ont approfondi la question de la paix dans la communauté. Organisé sous les auspices du Conseil œcuménique des Églises, de la Conférence des Églises des Caraïbes et du Conseil des Églises de la Jamaïque, ce Rassemblement se terminera le 24 mai.

 

Pour un reportage des plénières par streaming vidéo, voir le site du ROIP :

www.vaincrelaviolence.org

 

Plus de renseignements sur le COE et le changement climatique

 

Vidéos du ROIP

 

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